précédé de
Les Troqueurs, d’Antoine Auvergne / Jean-Joseph Vadé
La Répétition interrompue, opéra comique en un acte de Charles-Simon Favart.
Mise en scène Irène Bonnaud
Direction musicale Jérôme Corréas, assisté d’Inaki Encina Oyon
Avec : Manuel Nunez Camelino, Stanislas de Barbeyrac, Jean-Baptiste Malartre, Sociétaire de la Comédie Française, Michal Partyka, Ilona Krzyvicka, Olivia Doray, Julie Mathevet, Jérôme Corréas, Damien Pass, Alexandre Duhamel, Nathalie Dongmo, Dorian Blais, Alice Deville, Frédéric Escurat et les musiciens de l’Orchestre du Département de Musique Ancienne du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris
Collaboration artistique Sophie-Aude Picon – Scénographie Claire Le Gal – Costumes Nathalie Prats – Lumière Daniel Levy – Régie générale Jean-Pierre Ruiz
Production déléguée : Atelier lyrique de l’Opéra National de Paris
Photos : © Mirco Magliocca
Quand on parle des Troqueurs, on parle toujours du contexte dans lequel l’œuvre a été écrite : la « querelle des bouffons », cette fameuse dispute qui, au XVIIIe siècle, opposait les partisans de l’opéra français à ceux de l’opéra italien.
Jean Monnet, le brillant directeur du Théâtre de la Foire Saint-Laurent, a fait croire que l’on avait trouvé à Vienne un compositeur italien qui avait écrit un opéra sur des paroles en français. Or, c’était un coup de bluff, puisque le compositeur en question n’était autre qu’Antoine Dauvergne, qui était alors Surintendant de la Musique du Roi. Mais l’œuvre a eu un très grand succès et on a ainsi confondu les partisans de la musique italienne.
Le spectacle tourne autour de la naissance de l’opéra-comique au XVIIIe siècle car Jérôme Corréas a eu l’idée de faire précéder Les Troqueurs par un autre opéra-comique, La Répétition interrompue, sur un livret de Favart, qui réutilisait des airs déjà composés et qui fut lui aussi créé à la Foire Saint-Laurent, c’est-à-dire une foire commerciale où l’on vendait des draps, du jambon et de la porcelaine et où l’on faisait de l’opéra en même temps.
Ce qui m’intéresse, c’est de voir à quel point ce théâtre de divertissement portait déjà en lui un esprit subversif, celui du Siècle des Lumières, qui renversait les préjugés et les conventions. Ainsi, dans Les Troqueurs, qui se joue de la morale, le librettiste Jean-Joseph Vadé fait-il monter sur scène les classes populaires et les fait s’exprimer en argot. Et dans La Répétition interrompue, Favart critique l’aristocratie et donne les premiers rôles à un jeune bourgeois de province et à sa fiancée, qui, eux, incarnent la vertu, le bon sens et la raison, c’est-à- dire précisément les valeurs des Lumières qui conduiront à la Révolution française.
Nous cherchons donc à retrouver cet esprit du théâtre de foire, où les cultures – la grande et la petite – s’entremêlent. Il faut savoir, par exemple, qu’à la Foire Saint-Laurent, où l’on trouvait des bonimenteurs, des vendeurs de poudre de perlimpinpin, etc..., la baraque de l’Opéra Comique était peinte par Boucher, le peintre du Roi.
M.Bouret
De par le Roi et monsieur le Lieutenant général de police, messieurs et dames, la troupe des acteurs, sauteurs et voltigeurs de l’Opéra comique, établie foire saint-Laurent vis-à-vis l’homme à deux têtes, est en état de vous donner aujourd’hui Le petit maître malgré lui de Charles-Simon Favart, comédie nouvelle, ornée de quantité de changements de Théâtre et Machines surprenantes; on n'y a rien oublié de ce qui peut contribuer à atteindre le principal but de la Comedie, qui est de châtier les moeurs en riant ; le spectacle sera des plus surprenants, & les couplets seront assaisonnés de ce sel qui en doit faire tout le prix. Il serait trop long de résumer l’argument de cette pièce dont le programme d’ailleurs est imprimé et se vend à la porte 24 sols. Les personnes de distinction paieront selon leur générosité...
Le répétiteur
Allons, Bouret. Abrégez.
M.Bouret chante sur l’air de « la vie jolie »
Notre jolie pièce enlèvera tous les cœurs
Charmera Paris, et malgré les censeurs
Le répétiteur
Bouret !
M.Bouret
Et pour lui donner ses derniers charmes, les décorations sont de Monsieur Boucher, peintre du Roi.
Création le 27 novembre 2009 à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille
Développé avec Berta